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Être Thérapeute, une Voie du Changement ?

 

 

Le corps humain est composé de courants complexes d’énergie en mouvement.

Lorsque ces courants d’énergie se bloquent ou sont restreints,

la fluidité physique, émotionnelle et mentale qui était à notre disposition disparaît.

Si le blocage persiste trop longtemps,

alors la douleur, le malaise, la maladie et la souffrance surviennent.

 

Robert C. Fulford, DO.

 

 

L’homme qui nous a quitté, il y a bientôt quatorze ans, a traversé le vingtième siècle sans fracas ni ostentation comme le ferait un esprit familier, pourtant il a laissé une empreinte indestructible dans le monde ostéopathique. Ceux qui ont eu le privilège de le rencontrer gardent comme une fascination devant tant de modestie, de courtoisie, de disponibilité jointe à une expérience professionnelle bâtie sur une approche originale du monde où il sut réunir les découvertes les plus récentes de la science avec les antiques voies ésotériques de la connaissance.

Robert C. Fulford a ouvert pour nous plus d’une brèche et soulevé un coin du voile. Par la cohérence de son chemin de vie et par tout ce qu’il nous laisse, il nous expose des moments intenses d’humanité, tel que sa communication quotidienne avec le monde extérieur par la mise en abîme de son intériorité. À nous de suivre si nous le pouvons.

La diversité considérable des champs d’investigation que balaient ses écrits déconcertent, tant il apparaît parfois difficile de reconnaître le fil rouge qui les traversent. L’homme hanté par la question de la guérison, de l’origine de l’univers ou de l’intentionnalité thérapeutique n’a cessé de se confronter aux principaux enjeux de l’art de guérir. Il s’est aventuré sur le terrain des philosophes, des chercheurs originaux, alliant le pragmatisme du terrien aux visions les plus avancées en termes d’énergie.

 

       Hans-Georg Gadamer[1], le père de l’herméneutique, considérait que la compréhension d’une œuvre consiste à découvrir la question dont elle procède, mais qui reste dissimulée en son sein.

 

Sommes-nous sur la Voie ? Quelle Voie ? Plus modestement devrions nous parler de chemin, celui qui nous mène à la compréhension de l’être et au sens même de notre existence ?

 

Are We On The Path, The Collected Works of Robert C. Fulford[2], publié en 2003 nous interpelle et nous engage à la réflexion. Sa lecture et celle de son autre opus[3] nous conduit à une seule réponse – OUI – parce qu’il n’y a qu’un chemin pour nous ostéopathes, celui initié par le fondateur de l’ostéopathie A.T. Still[4]. Il nous invite, par le discernement, à conclure qu’il existe une organisation supérieure qui dirige l’Homme-Matière, le soutient, le maintient et le protège. Il nous faut également considérer que sa tripartition – Body-Mind-Spirit[5] – lui confère sa plénitude humaine.

 

Il convient d’appréhender maintenant la vision personnelle de  Robert C. Fulford sur la tri-dimentionnalité de l’être humain : un Corps Matériel, un Être Mental et un Être Spirituel.

« L’Être Spirituel peut être considéré comme le niveau le plus élevé de l’évolution humaine, il est le niveau du Créateur. Spirituel signifie avoir une relation avec le développement et la subtilité du système nerveux, son émergence l’accompagne dans son niveau de conscience. Il exprime le niveau d’Être avec la plus grande puissance de l’univers, ses qualités sont la Conscience, la Communication, l’Intuition et l’Imagination Créative.

L’Être Mental va développer un esprit qui réfléchit. L’Esprit Pensant éprouve des désirs, le désir d’action, de repos et de volonté. Penser c’est créer, cependant nous ne créons pas, nous utilisons le pouvoir d’un Esprit, qui crée pour nous. Il n’existe aucun mouvement sans la force de la pensée. La Lumière de l’Esprit projette une idée ; l’idée est enregistrée dans l’esprit pensant et projetée dehors comme deux vagues lumineuses, elles sont constituées de polarités contraires, positive et négative ; ensuite créant une interaction entre les polarités émerge un point neutre ou axe. Cela crée de nombreux cycles à partir de l’idée, la substance naît alors dans l’image de cette idée.

Le Corps Matériel, est le précipité de la substance qui forme la matière. Le Dr Harold Saxon Burr[6] et son associé Dr Leonard Ravitz ont démontrés qu’un champ dirigé produit une fonction électrique organisée sur la structure physique d’un organisme. Ils l’appelle « L. Field » ou « Life Field »[7]. Ils considèrent ces champs comme des « champs organisés » et prétendent qu’ils apparaissent initialement, guidant ainsi les atomes et les molécules d’un organisme en croissance dans leur forme propre. Une configuration électromagnétique qui se modifie avec le temps va composer un modèle. Finalement la matière envahit le modèle donnant naissance à un corps matériel. Ce corps n’est en fait qu’une série de micro battements vibratoire de mouvement. »

         Dans son ouvrage Robert E. Truhlar[8] définit l’ostéopathie comme la science qui partage l’Intelligence Divine, cette science est sacrée car la Nature possède intrinsèquement le pouvoir de guérison. Pour chacune des forces contenues dans le corps il existe une force opposée ; la cause de la cause responsable de la mise en déséquilibre de la force opposée doit toujours être recherchée. Par Intelligence Divine nous devons comprendre qu’il s’agit ici du passage ascendant du régime humain au régime céleste, ainsi que l’évoque Jean-François Billeter[9] dans son petit opus sur Tchouang-Tseu, ou en d’autres termes le passage du régime inférieur au régime supérieur, là où la connaissance supérieure est celle qui s’arrête devant ce qu’elle ne peut pas connaître. Nous sommes-nous éloignés de la voie des forces naturelles, de l’essence créative ?

 

Carter Harrison. Downing[10], donne une définition de notre profession qui peut nous servir de référence : « L’ostéopathie est une philosophie, un art et une science médicale fondant son système thérapeutique sur les sciences physique, chimique et biologique et appuyant son traitement de toutes les affections anormales du corps sur les lois naturelles et les principes vitaux gouvernant la vie – c’est à dire l’ajustement de toutes les forces vitales corporelles, quelles soient physique, chimique ou mentale aussi loin que nos connaissances puissent nous amener. »

 

       Le psychanalyste Didier Dumas[11] nous propose une intéressante vision d’anthropologie ternaire, séduisante à plus d’un titre et plus particulièrement grâce au degré de liberté qu’elle contient ; elle aborde, sans induire d’erreurs catégorielles[12], les trois perceptions de la connaissance : la chair, la raison et la méditation.

Cette approche originale de la structuration humaine décrit : « quatre niveaux ou quatre côtés de la conscience – physique, énergétique, émotionnel et mental – elle considère la vie comme déterminée par quatre degrés de nature différente appelés – Corps – qui, à l'exception du premier, n'ont pas de consistance matérielle et ne peuvent donc être appréhendés par la perception ordinaire. Ces corps correspondent aux quatre niveaux de la vie dont dépend la conscience : la constitution physique, la perception des êtres et des choses, la faculté de se les représenter et de les mémoriser, le sens que nous leur attribuons.

Le premier de ces corps est matériel, les autres sont subtils.

- Le premier, le corps physique, est constitué de molécules. C'est le seul dont les frontières soient visibles.

- Le deuxième, le corps éthérique, constitué par le souffle, c'est-à-dire d'énergie, qui permet de différencier l’être vivant du corps inanimé. On l'a appelé éthérique à l'époque où la science postulait que le vide était rempli d'éther. Aujourd'hui, elle le pense constitué d'une multitude de particules virtuelles imperceptibles. Par opposition au corps physique, qui est constitué d'atomes, de matière, il serait préférable de l'appeler : corps de vide. C'est l’enveloppe énergétique indissociable du corps physique, puisque sa mobilité en dépend. S’il n'y avait aucun vide dans la matière et les molécules, les êtres ne pourraient ni s'animer, ni bouger, ni vivre.

- Le troisième, le corps astral, l'enveloppe mentale elle permet à l'esprit de se remémorer le passé et d'imaginer le futur. Il a été appelé ainsi parce qu'il permet de se projeter, par la seule pensée, jusque dans les astres. On l'appelle également corps émotionnel car il est le siège des affects et des émotions qui déterminent notre rapport aux autres et à l'univers. C'est également celui de la mémoire, constitué par ce que les psychanalystes appellent le système de représentations : les images visuelles, auditives, tactiles, que nous élaborons quotidiennement pour nous représenter le monde.

- Le quatrième, le corps mental, est le corps du sens ou le corps des structures.

Le sens, les directions de l'existence, celles qu'elle prend ou celles que nous lui donnons ; les structures, les liens qui organisent et architecturent la vie, c'est-à-dire autant ceux qui sont nécessaires à la santé de nos organes et de nos cellules que ceux qui, nous reliant les uns aux autres, font de nous des êtres communautaires et inscrits au sein d’une culture.

Un Corps constitue un ensemble d'éléments de même nature, délimité par une frontière. Les trois corps subtils forment cette entité, appelée âme ou structures mentales ; le corps physique  pourrait être considéré comme l’habitat de ces structures psychiques. »

 

       Comment à l’éclairage de ces éléments philosophiques pourrions-nous aborder simplement l’œuvre de Robert C. Fulford ? Peut-être par le caractère premier de sa démarche : l’éclectisme[13]. Elle le nourrit sa vie durant et a fait de lui le penseur original le plus proche d’A.T. Still et le plus au fait avec les découvertes scientifiques de son siècle.

Nous ne pouvons aborder ici tous les éléments constructeurs de son approche thérapeutique, cependant nous pouvons essayer de tirer quelques leçons de son enseignement. Il a ouvert la voie vers une ostéopathie de la reliance.

 

La notion de reliance n'a pu être élaborée qu'à partir de l'époque où on a assisté à un « réenchantement du monde »[14]. Il a fallu attendre la profonde interpellation philosophique par les sciences contemporaines – physique des particules élémentaires, biologie moléculaire, astrophysique etc. – pour que les sciences anthroposociales se mettent à l'écoute de la dynamique des mythes et des symboles animant nos sociétés postindustrielles.

Le concept de reliance a été proposé à l'origine par Roger Clausse,[15] en 1963, pour indiquer un besoin psychosocial d'information, de reliance par rapport à l'isolement.

Pour Marcel Bolle de Bal[16], la reliance possède une double signification conceptuelle, c'est l'acte de relier ou de se relier. Créer ou recréer des liens, établir ou rétablir une liaison entre une personne et un système dont elle fait partie, ou un de ses sous-systèmes.

Nous pouvons dégager diverses dimensions de la reliance :

- la reliance entre une personne et des éléments naturels – le ciel, la terre, l'univers – ou encore reliance cosmique ;

- la reliance entre une personne et les diverses instances de sa personnalité – le Ça, le Moi, le Surmoi ; le corps et l’esprit ; la pensée et le sentiment – ou reliance psychologique ;

- la reliance entre une personne et un autre acteur social, individuel ou collectif – groupe, organisation, institution, mouvement social – ou reliance sociale, dont l’aspect psychosocial constitue à la fois un cas particulier et un élément de base.

 

       L’approche ostéopathique, dans son concept holistique, établit également des reliances anatomiques et physiologiques, qu’elle nomme différemment, se sont les liens mécanique, circulatoire, neurologique et endocrinologique. Ils permettent d’aborder la dysfonction somatique, de la comprendre, de l’intégrer à l’individu à travers ses processus d’adaptation et de compensation, mais surtout de les voir comme une suite cohérente avec son anamnèse.

 

       S’il y a un enseignement à extraire des écrits de Robert C. Fulford c’est bien celui des  reliances, que nous pourrions diviser arbitrairement en quatre plans : spirituel, cosmique, psychosocial et individuel.

 

Une reliance à Soi-même (Identité) aussi bien physique que psychologique, ou devrait-on dire plus correctement, une reliance psychosomatique, expression évidente de notre tripartition et aussi de notre vécu unique qui va modeler notre devenir, une reliance historique qui tissera l’étoffe de notre existence. « Les Pensées sont des Choses », élément majeur de la représentation humaniste de Robert C. Fulford ; elles agissent sur notre Être dans les deux sens, ainsi des idées négatives peuvent influencer le corps, en particulier en réduisant le souffle et en diminuant par là-même la force vitale. Connaître les arcanes de la psyché et la considérer comme un acteur de santé. Accomplir un travail sur soi-même à travers un chemin de conscience dans le cadre d’une cure analytique ou d’une pratique de méditation prend ici tout son sens. Être notre corps psychosomatique plutôt qu’Avoir un corps dichotomique, sans lien entre pensées, sentiments, émotions et état physique. Faire corps avec l’énergie interne et externe, baigner dans la vie et ses flux dynamiques ; être le mouvement et rester en harmonie, c’est à dire en Santé.

 

Une reliance aux Autres. (Fraternité) Quoique entièrement différent dans notre constitution physique, psychologique et culturelle chaque être humain, pour Robert C. Fulford, procède d’une essence identique, l’essence spirituelle.

La citation qui suit pourrait s’appliquer aux différents plans que nous avons, pour des raisons méthodologiques, choisi d’instituer ici.

« Depuis l’aube de l’Histoire chaque civilisation a cherché à définir la dimension spirituelle de la vie. Ces efforts ont conduit à des résultats différents, depuis un panthéon de dieux anthropomorphes jusqu’à l’adoration de la nature primitive ou encore un dieu unique et tout-puissant. A mon sens, ce qui relève du spirituel dans le monde est cette source universelle d’énergie électrique et cosmique, cette force vitale qui nous tient tous en vie. J’ai le sentiment que cette force de vie universelle pourrait bien être l’autre nom de Dieu, ou du Créateur Universel. Et je crois donc que Dieu existe en chacun d’entre nous, incarné dans cette énergie. La plupart des gens aujourd’hui ont été dressés à croire que Dieu existe sans eux, et non en eux. Je crois que c’est une erreur. Ce qui est sûr, c’est que si vous croyez que Dieu est à l’intérieur de vous, vous commencerez à prendre mieux soin de votre corps, car votre corps est à proprement parler votre temple. »[17]

Un autre aspect de cette reliance à l’autre, chez Robert C. Fulford, se manifeste dans sa bienveillance auprès de ses patients qui dépasse de loin la neutralité thérapeutique, certes il garde un cadre, mais il privilégie toujours l’interrelation entre deux êtres humains. « L’Intentionnalité Thérapeutique » répond à la communication qui s’établit entre soigné et soignant, elle va au-delà, elle est l’expression la loi des échanges rythmiques équilibrés[18], la mise en partage de l’harmonie qui régit le monde vibratoire. Pour Hans-Georg Gadamer[19] « le concept d’équilibre réside dans la Nature, celle-ci se maintient elle-même et d’elle-même dans sa propre voie. Quiconque travaille à la production d’un équilibre est en quelque sorte repoussé par ce qui se maintient de soi-même et se suffit à soi. On reconnaît là le principe du succès de toute action médicale, se supprimer soi-même en se rendant superflu. Envisager le passage de l’excès au déficit, ou mieux encore, du déficit à l’excès, et l’anticiper en quelque sorte, est ce qui définit l’art médical qui trouve son accomplissement dans le retranchement de soi-même, et dans la restitution à autrui de sa liberté. »

L’attitude d’écoute et d’ouverture du praticien permet également au patient de poser les bases du changement, d’abandonner ses vieux schémas, de sortir de la plainte comme nous invite à le faire François Roustang.[20]

La position de Robert C. Fulford est encore plus radicale, il prône l’amour inconditionnel : « Pensez à l’Amour comme à une énergie  agissant aux différents niveaux inférieurs. Au fur et à mesure que vous utilisez, avec la pertinence appropriée, l’amour dans votre pratique curative, les vibrations de votre corps augmentent et il devient plus facile d’utiliser la puissance de l’énergie d’amour. Avec un amour inconditionnel et l’intention de servir, chacun peut : corriger les déficits du champs bio-énergétique du patient ; modifier énergiquement un patient sans épuisement pour lui-même ; équilibrer les champs du patient. Avec cette approche il convient d’être prudent, parce que nous pouvons surcharger le champ bio-énergétique du patient. Engager un tel processus sans le consentement du patient équivaudrait à le manipuler. Le libre accord suppose que le patient sache ce que vous faites et qu’il en accepte le processus »[21]

 

Une reliance à la nature (Citoyenneté) qui s’opère instinctivement, l’homme est la nature, ou mieux, le cosmos et l’homme émergent de la même source. « Le microcosme est l'homme selon la nature. Parce que la nature est double, Dieu a mis en elle deux aimants. L'un attire la substance des éléments pour la faire passer dans la chair et le sang. L'autre aspire les influx sidéraux dont se nourrissent notre sensibilité et notre réflexion. L'homme a donc deux natures, l'une mortelle et l'autre immortelle. Le monde a deux corps l'un visible, l'autre invisible... La vraie sagesse est la propre image de Dieu. L'homme animal n'est que la prémisse de l'évolution, l'homme divin débarrassé de ses impuretés est la quintessence, le microcosme réalisé. Il a été formé de la matière et de l'esprit du monde. Ce qui est en lui est le monde... Cependant, pour obéir à la Loi divine, l'homme doit satisfaire à tout ce que sa double condition d'image de Dieu et d'image du macrocosme exige de lui. Il doit vivre dans deux séjours : dans la nature et en conformité avec elle, au-dessus de la nature et en union avec la volonté divine, avec l'Esprit de Dieu ».[22] Paracelse nous donne une définition de la nature et de l’homme qui rejoint en tous points la vision de Robert C. Fulford. Conception magnétique voire vibratoire du monde comme celle que développe Valerie V. Hunt[23] où chaque être vibre à sa propre fréquence, ces fréquences étant considérées comme un indicateur de potentiel du corps. « Tout être vivant palpite au gré de cette force vitale électrique qui se répand dans l'univers. Cette vibration, on ne peut pas la voir, mais on peut la sentir, avec ses mains, avec ses doigts »[24] « Hippocrate constate, lorsqu’il traite ses patients, qu’une puissance curative émane de ses mains, à propos de laquelle il écrit : « cela apparaît souvent lorsque j’apaise un patient, comme si une étrange propriété de mes mains écartait et éloignait des parties affectées, leurs douleurs et autres impuretés, et ce en posant simplement mes mains sur la zone douloureuse ».[25]

Toute son existence Robert C. Fulford a cherché et rencontré des hommes et des femmes qui, comme lui, avait une seule quête : la compréhension de la nature électromagnétique de l’homme – microcosme – et de l’univers – macrocosme.

 

Une reliance à plus grand que soi (Spiritualité) ou, si nous considérons la position philosophique de l’agnosticisme, une reliance au sens de l’existence.

Ici le concept de reliance pourrait s'associer avec la racine latine – religere – et prendre le sens de relier, – religare – comme l’ont institué les Pères de l'Eglise. « Carl Gustave Jung[26] nous propose une autre source, il emprunte son religere, ou relegere, à une toute autre source puisque c’est nommément chez Cicéron qu’il le trouve, où il signifie – observer, considérer, reconsidérer et réfléchir – c’est-à-dire apporter tous ses soins en même temps qu’une attention ouverte et interrogative à un événement qui survient, à une action engagée ou à la conduite de la vie »

Robert C. Fulford semble se positionner sur tous les fronts ; l’éclectisme lui sert à la fois de filtre et de mise en évidence. Les rencontres qu’il fait avec des penseurs, des chercheurs, des philosophes et des scientifiques[27] mais aussi ses lectures[28] vont tracer sa quête de sens. Ils ont cependant tous un point commun : « cette source universelle d’énergie électrique et cosmique, cette force vitale qui nous tient tous en vie ».

Son implication n’a rien de théorique, il pratique une sorte de méditation quotidienne, pendant laquelle, deux heures durant, chaque matin, il fait circuler l’énergie dans son corps, rendant ainsi hommage au Champ de Vie qui nous entoure, nous soutient et nous protège.

 

Terminons par sa définition de notre praxis :

- « L’ostéopathie est une philosophie :

La philosophie est un système particulier de principes gouvernant l’existence. La philosophie est l’esprit qui crée toutes choses. L’esprit centre toutes les choses. L’esprit est la cause invisible. Les idées sont toutes contenues dans l’esprit.

- L’ostéopathie est un art :

L’art est l’aptitude ou le pouvoir d’opérer certaines actions. L’art est l’Énergie Universelle de l’esprit-désir, de la Pensée de création de l’esprit-désir. L’esprit-pensée est la seule énergie de l’Univers.

- L’ostéopathie est une science :

La science est la connaissance systématisée de la nature et de la physique. C’est la substance de ce que sont les effets de la cause et du mouvement. Il n’y a pas de stabilité. C’est le monde visible qui est observé par nos sens. Il se manifeste dans le mouvement par les forces polarisantes du mouvement.

- L’ostéopathie est une science médicale :

C’est à dire un art de guérir. C’est un système thérapeutique fondé sur l’assise des sciences physique, chimique et biologique. Elle appuie son traitement de toutes les affections anormales du corps sur les lois naturelles et les principes vitaux gouvernant la vie. La loi naturelle est : « ce qui pourrait être un échange rythmique équilibré entre deux paires opposées, c’est à dire l’ajustement de toutes les forces vitales du corps. » La force vitale est l’amour. L’amour ne peut avoir qu’un seul mouvement, celui qui émane de lui-même pour trouver l’unité. Le plus grand désir de la nature est l’unité.

- L’ostéopathie est une semence :

Elle doit s’enraciner dans le terreau social et doit ouvrir alors la voie de la reconnaissance par les gouvernements. La tige de la graine pointe du sol. Le temps de la maturité et de l’éclosion de l’ostéopathie est venu et sa prééminence sur toute autre chose doit émerger.

L’ostéopathie est la médecine du vingt et unième siècle. Sa philosophie, son art et sa science doivent être basées sur la promotion de la santé, la prévention et l’approche naturelle des patients. Les patients ne peuvent être considérés comme des processus pathologiques ou des problèmes, mais bien comme des personnes requérant l’aide nécessaire à l’équilibre leurs dimensions physique, émotionnelle, mentale et spirituelle. C’est notre responsabilité.

Sommes-nous prêt à relever le défi de l’ère nouvelle. »[29]

 

En d’autres termes, sommes nous prêt pour le changement ?

 

 

 

 

Thinking N° 12 janvier 2011, Publication Sutherland Cranial Academy of Belgium,

ISSN 1370-5946, p. 25-31.

 

[1] Gadamer, Hans-Georg, 1996. Vérité et méthode, Le Seuil, 540 p., ISBN 2-02-019402.

[2] Fulford, Robert C., 2003. Are We On The Path, The Collected Works of Robert C. Fulford, Edited by Theresa A. Cisler, Indianapolis, [Indiana-USA]: The Cranial Academy, 294 p., ISBN 0-9741690-0-5.

[3] Fulford, Robert C., 1996. Touch of Life - The Healing Power of the Natural Life Force, New York, [New York-USA]: Pocket Books, 194 p., ISBN 0-671-55600-2.

[4] Still, Andrew T., 1899. Philosophy of Osteopathy, Kirksville [Missouri-USA]: Published by the author, 208 p., p 25-26

[5] Corps-Âme-Esprit

[6] Burr, Harold Saxton, 1972. Blueprint for Immortality: The Electric Patterns of Life, The C.W. Daniel Company Limited, Saffron Walden, U.K., 192 p., ISBN 85435-281-3.

[7] Champ V. ou Champ de Vie

[8] Truhlar, Robert E., 1950. Doctor A.T. Still in the Living, Privately published, Cleveland : [Ohio-USA].

[9] Billeter Jean-François, 2002. Leçons sur Tchouang-Tseu, Editions Allia, 158 p., ISBN 2-84485-080-4.

[10] Downing, Carter Harrison, 1935. Osteopathic Principles in Disease. Ricardo J. Orozo, San Francisco : [California-USA].

[11] Dumas, Didier, 2001. La bible et ses fantômes, Paris, Desclée de Brouwer, 192 p., ISBN 2-220-05016-5.

Dumas, Didier, 1989. Hantise et clinique de l’autre, Aubier, 254 p., ISBN 2700721551.

[12] Wilber, Ken, 1987. Les trois yeux de la connaissance, Monaco, Édition du Rocher, 220 p., ISBN 2-268-00619-0.

[13] École et méthode philosophie initiée par Potamon d'Alexandrie et Ammonius Saccas, elle recommande d'emprunter aux divers systèmes les thèses les meilleures quand elles sont conciliables, plutôt que d'édifier un système nouveau. Elle s'oppose aussi bien au dogmatisme, c'est-à-dire au sectarisme philosophique, qu'au syncrétisme qui s'efforce de juxtaposer des systèmes contradictoires.1

[14] Prigogine, Ilya & Stengers, Isabelle, 1979. La nouvelle Alliance, Gallimard, 312 p., ISBN 2070287505.

[15] Clausse, Roger, 1963. Les nouvelles, Bruxelles, Édition de l’institut de sociologie.

[16] Bolle de Bal, Marcel, 1981. La reliance : connexions et sens, Connexions, n°33, 1981, p. 15, Édition. Épi.

[17] Fulford, Robert C., 1996. Ibidem, p 34.

[18] Russell, Walter, 1947. The Secret of Light, University of Science & Philosophy, 288 p., ISBN 1-879-60544-2.

[19] Gadamer, Hans-Georg, 1998. La philosophie de la Santé, Grasset, 189 p., ISBN 2-246-55861-1.

[20] Roustang, François, 2000. La fin de la plainte. Odile Jacob, 253 p., ISBN-10: 2738107583.

[21] Fulford, Robert C., 2003. Ibidem, p.125-131.

[22] Paracelse, 1571. La grande astronomie ou la philosophie des vrais sages, Philosophia Sagax, trad. Pierre Deghaye, Dervy, 2000, p. 106, 108-109.

[23] Hunt, Valerie V., 1996. Infinite Mind: Science of the Human Vibrations of Consciousness. Malibu Publishing, 364 p., ISBN 0964398818.

[24] Fulford, Robert C., 2003. Ibidem.

[25] Fulford, Robert C., 1996. Ibidem, p 88.

[26] Gaillard Christian, 1998. Le Musée Imaginaire de C.G. Jung, Paris, Édition Stock, 240 p., ISBN 2-234-05024-2 ; p 15.

[27] Robert O. Becker, - Michael Coleman Talbot, - John Diamond, - Edwin John Dingle, - John Hornecker, Valerie V. Hunt, - Brenda Johnson, - Walter Russell, - Randolph Stone, - Marcel Joseph Vogel, - Andrew Weil.

[28] Harold Waldwin Percival, - Karl Von Reichenbach, - Willem Reich.

[29] Fulford, Robert C., 2003. Ibidem, p.1-5.

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