top of page

« Pour acquérir une qualification professionnelle, il faut recevoir un enseignement dispensé par des praticiens qui en possèdent parfaitement l’essence et savent comment la transmettre.

Comme tout diplômé compétent de n’importe quel autre métier ou profession, un ostéopathe ne se fait pas en un jour ni une année.

 

Être là et observer le travail effectué par un praticien compétent ne suffit pas pour détenir entre ses mains la responsabilité de la vie. Il faut avoir une connaissance totale de l’anatomie - non seulement savoir le nom de quelques os, muscles, nerfs, veines et artères, mais les connaître tous tels qu’ils sont décrits par les derniers auteurs reconnus. Il faut être intime avec au moins quatre-vingt-dix pour cent du corps humain avant d’être admis au sein de nos cliniques.

 

Une fois dans la salle de pratique, vous êtes à un endroit où les livres sont connus de toute éternité. Votre aptitude innée et le livre de la nature sont les seules choses qui doivent être respectées dans ce domaine d’activité. Là, vous vous trouvez au-delà des longs discours et vous utilisez votre esprit avec la plus profonde et silencieuse application. Buvez à longs traits à l’éternelle fontaine de la raison, pénétrez la forêt de cette loi dont les merveilles sont la vie et la mort.

 

Accéder à la complétude de l’os impliquerait la réunion des deux extrémités d’une éternité. »

 

ANDREW T. STILL[1]

 

 

 

                  L’enseignement de l’ostéopathie suppose la mise en œuvre, de moyens propres pour assurer la formation et le développement du futur praticien, de la transmission de l’utile et de l’indispensable dans l’approche des patients et de l’apprentissage d’une manière de penser, d’être et d'agir vis-à-vis de soi-même.

Méthodologie analytique ou synthétique, fondements scientifiques ou empiriques, application rigoureuse de techniques ou développement de l’intuition et de l’instinct ? La dichotomie qui prévaut pour certains nous semble hors de propos, car la philosophie qui soutient la pratique et l’enseignement de la médecine ostéopathique réconcilie ces apparents contraires.

Le Dr Still nous énonce les préceptes didactiques : la fréquentation de pédagogues expérimentés et avisés, un temps d’apprentissage conséquent, voire illimité, une connaissance complète de la matière anatomique, une relation profonde et totale au corps humain, une confiance absolue en l’intelligence ”antécognitive”, une relation sans entraves avec l’autorité de la nature, un esprit pragmatique, une aptitude au geste juste et une ouverture spontanée à la perception des flux de la vie et de la mort. L’application de ces principes nous permet l’accès à la dimension spirituelle de l’ostéopathie.

 

            L’art de l’ostéopathe s’exprime au sein de l’unité qui s’établit avec le patient avec lequel il va œuvrer pour permettre l’émergence du processus thérapeutique. A partir des connaissances et de la compréhension qu’il possède des différents mécanismes de l’anatomie et de la physiologie, il peut construire un lien avec les vécus qu’il reçoit du corps du patient. C’est ce pont qui va rétablir le patient dans la juste perception de lui-même et dans celle du monde externe. La réunification des deux milieux, ou, pour le dire autrement, l’harmonisation de l’être perturbé avec l’univers toujours en équilibre restitue la santé.

La philosophie de l’ostéopathie n’est rien d’autre que la compréhension des lois de la nature dans leur interprétation scientifique et perceptuelle ; mais elle permet surtout, par son centrage pertinent, une vision unifiée de ce qui paraît antinomique tant que nous persistons à créer des catégories, des classifications et que nous voulons obligatoirement opposer nos savoirs pour les justifier.

Le temps est venu de réconcilier l’organisation de la conscience et la sensation, car avant de pouvoir ordonner le monde dans lequel nous vivons, il nous faut bien commencer par le percevoir, le sentir et le vivre. C’est la relation au vivant, à l’humain et à l’univers dans lequel nous évoluons qui doit déterminer la qualité particulière des praticiens de la médecine ostéopathique.

 

            Pour aborder l’enfant en médecine ostéopathique, la maîtrise de l’anatomie, de la sémiologie, de la physiopathologie, des techniques d’examen et de soin de l’adulte est nécessaire, mais ces savoirs ne peuvent s’appliquer directement à l’enfant, car sur le plan du développement celui-ci est unique, tant au niveau anatomique que physiologique. Par conséquent, l’approche sémiologique, l’investigation clinique et leurs significations sont entièrement différentes chez l’enfant.

Une approche de l’enfant en médecine ostéopathique est probablement le premier ouvrage médical consacré à l’enfant qui considère la clinique sous la perspective d’une plus grande corrélation entre l’anatomie et la physiologie. Cette vision singulière est une source inestimable de référence pour tous ceux qui s’intéressent à l’option particulière de la médecine ostéopathique et de son application dans le traitement de l’enfant.

L’auteur, Jane E. Carreiro a rassemblé de nombreuses informations issues de ses lectures et recherches, ainsi que de son expérience pédagogique. Son parcours professionnel lui a permis de réaliser une synthèse originale de sa pratique clinique, des enseignements reçus et des nombreux échanges collégiaux.

La matière, consacrée principalement aux très jeunes enfants, intègre les techniques et les approches qui nous sont familières en réservant néanmoins la place majeure à l’enseignement du Dr Sutherland.

 

            Nous connaissons Jane Carreiro de longue date, notre première rencontre professionnelle remonte au début des années 90 et cette relation s’est peu à peu transformée en une profonde amitié. Nous avons partagé de nombreuses expériences pédagogiques et nous avons également été son interprète lors de différents séminaires en Belgique organisés par la Sutherland Cranial Academy of Belgium.

Lorsqu’elle nous a fait part de son intention de publier un ouvrage consacré à son expérience clinique avec les enfants nous lui avons immédiatement proposé d’en assurer la traduction française. Nous considérons que cet opus comble non seulement le vide existant dans la littérature scientifique, mais que sa lecture constitue le préalable indispensable à la compréhension de l’enfant et à la médecine ostéopathique.

L’intégration des données contenues dans ce livre ne peut bien sûr avoir de sens que si elle est conjointe a un apprentissage dispensé par des praticiens expérimentés. Nous espérons qu’en plus de l’intérêt manifeste que vous expérimenterez à la lecture de cet ouvrage, vous éprouverez un plaisir, non moins évident, à l’application de ses préceptes thérapeutiques.

 

 

 

Henri O.Louwette, DO

Kerlan, le 24 août 2006

 

[1]ANDREW T. STILL. 1908. Autobiography of A.T. Still, Published by the Author, Kirksville, MO., p.152-3. Notre traduction.

bottom of page